" à force d'espérer une condition meilleure le crapaud s'est retrouvé sans queue pour l'éternité" Alain Mabanckou, mémoires de porc-épic

13 mars 2009

Spéciale dédicace à mon grand-père


Mon grand-père c'était un vieux bonhomme (prononcer bounoum) comme il disait, oui un bon homme. de ceux qui vous transpercent de ses yeux bleus-gris doux, courageux, malicieux et toujours curieux de son temps. Il aurait pu être instituteur, mais il n'a pas voulu, pourtant l'histoire, la géographie, les maths, il maitrisait et il aimait ça.
Au lieu de ça, il a fait l'école du lait à Surgères (maintenant c'est l'école nationale d'industrie laitière, tout change). Une bonne partie de sa vie, il a fait du fromage, de chèvre le plus souvent et dirigé des laiteries. La photo ci-dessus, c'est en 43, le STO l'a envoyé dans l'est allemand, plus près de la Pologe qu'autre chose à Greisfwald : "à ma fiancée chérie en souvenir de mon éloignement", jusque là bas il a fait du fromage.
Quand j'ai lu ce billet sur ligne & papilles, je me suis dis "chouette, ça va être marrant" et "miam enfin je vais pouvoir tartiner comme je veux". Suis partie en quête d'un thermomètre de cuisine (je te le présente plus tard celui-là ami lecteur, il est encore un peu timide).
Ait acheté lait frais et citron, oui oui, ça suffit pour tartiner à discrétion!
Me suis installée dans ma cuisine

J'ai opéré :
  • Attraper 0,5l de lait et un citron
  • Faire chauffer le lait jusqu'à 40° (cuisine campagne, à l'origine du post de ligne et papilles conseille de faire chauffer jusque 45° et de laisser redescendre à 40°) d'où l'intérêt d'avoir un thermomètre de cuisine!
  • Ajouter le jus du citron, mélanger, le caillé se forme
  • Verser le mélange sur un chinois recouvert de gaze par exemple
  • laisser le liquide s'écouler tranquillement
  • pour finir presser, un peu beaucoup, comme vous voulez, plus tu presses le caillé ami lecteur plus il sèche...
et tout pendant que j'opérais j'entendais mon grand-père me raconter les livraisons de lait, la présure, le caillé, les bactéries, les croutes, les pressages, ... "Cette croûte tu peux la manger [...] celle-là vaut mieux pas" "tu manges pas de beurre avec le fromage???" "Et toi F. tu aimes le fromage? Tu l'aimes celui-là?"

Une fois mon caillé pressé dans une feuille de gaze, ça donne ça :


il a bien fallu l'aromatiser nature c'est pas mal mais quand même :
  • du poivre 4 tours du moulin pour la force qu'il a eu,
  • du sel parce que s'il n'y mettait pas son grain de sel...,
  • du carvi pour adoucir ma nostalgie en pensant au vieux bonhomme,
  • de la ciboulette et de herbes de provence pour donner un peu de folie au tout
  • 1 cuillérée à soupe de spécialitée laitière à 3% de matière grasse épaisse qui ne peut pas s'appeler crême fraiche rien que parce que je sais que ça l'aurait fait me dire une dernière fois "tatatatatata, c'est du n'importe quoi mon lapin"

et ça donne ça


Mon grand père, c'est le seul qui a compris ce que je faisais dans la vie.

Note pour Lisoune : si tu l'égouttes moins ça fait du cottage cheese
Note pour maman si elle arrive un jour à se connecter à Internet: le contenu du verre c'est le lactoserum ou petit lait, plein de minéraux. Ben moi je trouve que ça se boit le p'tit lait.
Note pour les fauchés qui aiment le Saint-Môret, le cottage cheese et ce genre de préparation entre 0,5l de lait et 1 citron ça m'a couté 67 centimes d'euros pour 130g de préparation...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup cette façon que tu as eu de raconter ton histoire et celle du bounoum. Merci, j'ai redécouvert la recette d'une certaine façon.